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  • Estime de soi et TDA/H.

    L’élève TDA/H (trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité)

    Il est frappant de constater à quel point l’estime de soi est rapidement fragilisée chez l’élève TDAH. Alors même que son entourage ne le réalise pas encore, il exprime parfois très tôt un sentiment de mauvaise estime de soi en disant « je ne suis pas comme les autres », « il y a quelque chose de différent chez moi », « je ne sais que faire des bêtises »…

    Très souvent, cette mauvaise image de soi est présente dès la petite enfance, vers l’âge de 5 à 6 ans, l’enfant perçoit alors, avec une grande acuité, qu’il ne parvient pas toujours à suivre les consignes comme les autres. Des tâches pourtant simples, et il le sait, qu’il ne peut mener à leur terme, car son attention a été happée par autre chose, parce qu’il fait les choses trop vite, ou parce qu’il n’a tout simplement pas « entendu » la consigne.

    L’estime de soi :

    L’estime de soi se construit tout au long de la vie, c’est-à-dire qu’elle se développe progressivement pendant l’enfance, puis continue d’évoluer dans les âges les plus avancés. Dans le berceau, elle dépend de la capacité des parents à répondre aux attentes du nourrisson, de leur réponse face à cet être qui ne sait s’exprimer que par des pleurs. S’ils s’occupent de lui, avec plaisir, ou du moins sans trop rechigner, alors le nourrisson commence à intégrer une bonne image. En effet, cette image se construit à travers le regard de l’autre, la façon qu’à l’autre de nous percevoir ; les parents sont donc le premier vecteur de l’image de soi que va se construire l’enfant. Le deuxième vecteur qui participe à l’image de soi est la société, le regard qu’elle porte sur l’enfant chez qui elle est en train de se développer.

    De nos jours, la société accorde une place considérable à la réussite sociale et à la réussite scolaire, à laquelle elle semble intimement liée. Dans les cours de récréation de certains collèges, pour être intégré dans le groupe des enfants dits « populaires », les critères sont parfois surprenants : lieu de domiciliation, taille de l’appartement, revenu des parents… Cet être en développement est ainsi plongé dans une société qui valorise un aspect de sa vie future, au détriment des autres. L’exemple le plus frappant est la course aux mentions, au bon classement, auxquelles se prêtent de nombreux établissements scolaires ; certains lycées ont parfois un an d’avance sur le programme scolaire. Dans certaines petites écoles, on doit apprendre à lire dès l’âge de 4-5 ans et savoir additionner et multiplier à 6 ans…

    Cette course se fait, malheureusement, dans l’ignorance des modalités du développement cognitif de l’enfant et se retrouve alors favorisée une petite proportion de la population ; soit qu’elle est constituée d’enfants dits « intelligents », soit d’enfants soutenus au maximum à renforts de cours particuliers et devoirs longs et pénibles. La génération qui a connu les grandes guerres du siècle passé à travailler sans se poser de questions, la suivante lui a emboité le pas et a valorisé le travail. La génération suivante, celle que l’on appelle génération Y, a cherché, elle, un équilibre entre la vie professionnelle et la vie de famille. La génération Z, à qui on a tenté de bourrer le crâne, pose maintenant des difficultés dans le monde professionnel, car elle veut, tout simplement, « vivre ».

    Estime de soi et TDA/H :

    L’élève TDAH, ainsi plongé dans une société qui fait la course aux apprentissages, au lieu de lui apprendre à s’adapter, construit son image de soi au travers de deux principaux regards : celui de ses parents et celui de la société, au passage de la réussite scolaire.

    Les parents d’un élève TDAH sentent cette différence, sans toujours pouvoir poser un nom sur ce qui fait que leur enfant est très (trop) vif, qu’il ne respecte pas les consignes, qu’il intervient dans toutes les conversations, qu’il parle en permanence, qu’il semble très sensible, réactif aux événements.. Cette différence est alors plus ou moins bien tolérée, les premiers écueils de la vie d’un enfant hyperactif commencent dès le plus jeune âge. La fatigue des parents est souvent visible, à travers des remarques qui ne se veulent pas méchantes « tu nous saoules… », les remontrances sont fréquentes chez cet enfant qui semble être de tous les mauvais coups possibles. La fratrie ou les amis participent aux premières atteintes à l’estime de soi, sans le vouloir « tu me fatigues avec toutes tes histoires… ». On demande à cet enfant de ne pas se lever 10 fois de table et on ne comprend pas qu’il n’intègre pas une consigne simple, pourtant répétée des centaines de fois. Cet enfant fait l’objet de plus nombreuses remarques négatives et est plus souvent puni.

    À l’école, il constate qu’il est à la traîne, ou fait trop vite son travail dont on dit alors qu’il est bâclé ; il ne respecte pas toujours les consignes, répond à côté ou ne répond pas lorsqu’il a peur de se tromper ou ne parvient pas à se représenter ce que l’on attend de lui. Ses résultats scolaires reflètent le fonctionnement de son attention : ils sont variables et on dit souvent qu’il est capable du meilleur comme du pire. Les parents jouent le jeu de la société, sans le vouloir, ou sans s’en rendre compte. Ils valorisent les bonnes notes et passent aux oubliettes les mauvaises quand ils ne réprimandent pas l’élève TDAH avec qui ils ont passé du temps à travailler ; oubliant de valoriser le seul élément important : les efforts qu’il a faits.

    Rôle des parents, de l’enseignant :

    L’entourage doit s’efforcer d’aider l’enfant TDAH à développer une bonne image de soi, en valorisant chacun de ses efforts, en l’aidant à développer son potentiel dans quelque sphère que ce soit.

    Il est primordial, pour ces élèves, mais aussi pour les autres, d’aller à contre-courant d’une société qui leur bourre le crâne sans se soucier de leur apprendre à s’adapter dans un monde qui change bien plus rapidement qu’auparavant. Les parents doivent freiner cette course aux apprentissages et apprendre à respecter le rythme de l’enfant, l’aider à s’adapter, lui apprendre à développer d’autres talents que les seuls scolaires, à trouver un équilibre.

    Parents, ne vous y trompez pas : sans vous en rendre compte vous ne nagez pas assez vite à contre-courant. Combien de mères s’extasient dans les réseaux sociaux que leur enfant marche à neuf mois, qu’il dise ses premiers mots à treize et parfois qu’il soit inadapté à l’école, car c’est « surement un précoce… » ?

    Règles d’une bonne estime de soi chez l’élève TDA/H :

    1. Apprendre à respecter son rythme.
    2. Valoriser ses efforts et non sa « réussite » ; en ayant en tête que l’école ne sait pas les évaluer correctement en rapport à leurs connaissances.
    3. Respecter son agitation.
    4. Valoriser et aider à développer ses points forts, ses aptitudes scolaires et bien entendu extrascolaires.
    5. Oublier qu’il réussira mieux dans la vie en faisant une section générale plutôt qu’une autre : on vous a menti…

    Article rédigé par Louis Vera.

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  • La rentrée scolaire des élèves avec TDA/H.

    La rentrée scolaire des élèves avec TDA/H.

    Alors que le soleil brille encore tard le soir, il faut se préparer pour le moment que tant d’enfants redoutent ou attendent avec impatience : la rentrée des classes. Pourtant, les bonnes raisons ne manquent pas pour reprendre le chemin de l’école avec bonne humeur. Pour certains, c’est le plaisir de retrouver ses amis et de leur raconter les mille péripéties vécues en vacances. Pour d’autres, c’est de se faire plaisir en achetant de nouvelles fournitures, toutes plus belles les unes que les autres, à l’image des bonnes résolutions prises pendant l’été. Ce peut être le plaisir d’apprendre de nouvelles connaissances, de découvrir de nouvelles matières, de découvrir une école différente. Certains trouvent les vacances trop longues et il leur tarde de retrouver une occupation intellectuelle dans le cadre de l’école.

    La rentrée des classes est ainsi, parfois, synonyme de plaisir, à l’image des enfants qui crient et se sautent dans les bras, au moment des retrouvailles dans la cour de l’école.

    Parfois, au contraire, c’est l’angoisse qui prend le dessus, au moment de la rentrée des classes. Le plaisir est éclipsé par la crainte des difficultés à venir, le souvenir des difficultés passées ressurgit et se matérialise sous forme de cauchemars pendant la nuit. L’enfant craint cette rentrée, tout autant qu’il l’attend, voire plus.

    Cet enfant, c’est celui qui présente des difficultés scolaires, celui que l’école a bien du mal à évaluer objectivement par rapport à ses connaissances, à valoriser pour les efforts fournis, pour ses points forts. Une école, qui peine à s’adapter, lorsque l’enfant ne réussit pas comme elle le souhaiterait. L’enfant, ainsi en difficulté, en souffrance parfois, rêve de réussir, mais n’y parvient pas toujours. Dans son esprit, la réussite est au programme, il a anticipé cette rentrée avec plaisir et s’est imaginé réussir comme on le lui demande. Mais, la confusion règne, car notre cerveau n’oublie pas, les difficultés passées sont présentes à l’esprit, on ne les efface pas d’un revers de main. Nous en avons parlé, l’estime de soi chez l’enfant TDAH, chez tout enfant qui présente un trouble des apprentissages, est souvent affaiblie.

    TDAH et rentrée des classes :

    Chez l’enfant ou l’adolescent TDAH, la rentrée scolaire est souvent vécue dans un moment d’angoisse, que ce soit par l’enfant ou par ses parents.

    Malgré ses bonnes résolutions, il se souvient qu’il aura à relever de nombreux défis pour satisfaire aux attentes de l’école et de ses parents. Les défis à relever, par l’enfant TDAH, au moment de la rentrée des classes, sont liés au contrôle de ses symptômes :

    • Dysfonctionnement attentionnel :
      • il doit penser à ses affaires, à faire signer les papiers en temps et en heure,
      • il faut qu’il pense à noter ses devoirs,
      • il doit suivre en classe, arrêter de rêvasser,
    • Défaut d’organisation :
      • il ne suffit pas de noter les devoirs, encore faut-il penser à prendre les bons cahiers,
      • il doit parfois jongler avec un emploi du temps qui change,
      • il doit anticiper sur les épreuves à venir, lorsqu’il n’a pas beaucoup de devoirs
    • Impulsivité :
      • il faut faire des efforts de comportement,
      • il doit se contenir au lieu de commencer précipitamment ses épreuves,
      • il doit être sage,
    • Agitation :
      • il doit être sage,
      • il faut rester assis en classe, il ne faut pas trop bouger sur sa chaise.

     

    Les défis, que l’enfant TDAH doit relever, sont nombreux et d’autant plus difficiles à réaliser qu’il lui faut donc lutter contre ses symptômes. Le paradoxe du trouble mental est ainsi résumé dans cette attente : l’enfant souffre d’un trouble, mais parce qu’il est mental, l’on s’attend à ce qu’il puisse le « dépasser », comme par magie en quelque sorte. Ceux qui ont eu à faire à des personnes déprimées et leur ont demandé de « se bouger », comprendront l’incongruité de la situation.

    Qu’à cela ne tienne, l’école a du mal à s’adapter, il faut donc qu’il fasse des efforts, jusqu’à ce que le système évolue. Les parents peuvent l’aider à s’adapter pour répondre, au moins en partie, aux attentes de l’école.

    Parents d’enfant TDAH et rentrée scolaire :

    Les parents, bien entendu, jouent un rôle majeur dans l’accompagnement de l’enfant ou de l’adolescent TDAH, lors de la rentrée des classes.

    Tout d’abord, il faut écouter ses craintes ; dans la mesure du possible il ne faut pas les nier en tentant de le rassurer vainement. C’est là une erreur commune que de lui dire « mais non, tu vas voir, tout va bien se passer ». Il faut plutôt lui demander comment il se représente sa rentrée, quelles sont ses craintes et tenter d’imaginer des solutions avec lui.

    Ensuite, il faut lui expliciter clairement ce que l’on attend de lui, le parent qui demande à l’enfant TDAH de faire des efforts de comportement sait parfaitement ce qu’il attend, l’enfant, lui, a souvent du mal à se représenter ce que l’on attend de lui. Les efforts, attendus, doivent donc être détaillés. Par exemple, on explique à l’adolescent TDAH qu’il ne faut plus s’allonger sur le bureau en classe, en lui expliquant pourquoi cela ne se fait pas. C’est un principe valable pour tout enfant TDAH : les consignes doivent être claires.

    Par rapport aux difficultés d’organisation, il faut l’aider, lui donner des routines et l’aider à intégrer ces routines.

    Enfin, comme je le dis toujours : il faut apprendre à respecter l’agitation de l’enfant TDAH. En effet, à quoi bon lui dire une centaine de fois par jour de ne pas bouger, alors même qu’il s’agite pour stimuler son cerveau ?

    Enfant TDAH et hygiène de vie :

    Le premier point à faire comprendre aux enfants TDAH est que l’alimentation est le premier carburant pour le fonctionnement du cerveau : il faut donc manger de façon saine et équilibrée. Les parents entendent parfois, pour les enfants TDAH sous traitement médicamenteux, qu’il faut augmenter la ration calorique ; la priorité n’est pas de leur donner un maximum de calories, mais qu’ils mangent équilibré. Nous savons que la « malbouffe » est origine de déficits cognitifs, il faut donc veiller à ne pas augmenter leurs difficultés avec une alimentation déséquilibrée.

    Le deuxième point capital est celui du sommeil : un enfant qui dort mal est un enfant qui a du mal à se concentrer sur une tâche. Il faut donc veiller à ce qu’ils aient leur compte de sommeil.

    Enfin, l’activité sportive est essentielle au bon fonctionnement cognitif ; elle aide également à socialiser des enfants qui sont parfois en difficulté pour le faire dans le cadre scolaire. Ce peut également être un bon vecteur d’amélioration de l’estime de soi, lorsque l’enfant s’épanouit dans un sport.

    Article rédigé par Louis Vera.

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  • Le trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) : définition.

    Le trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) est un trouble fréquent.  Il touche environ 5% des enfants et adolescents soit au moins un élève par classe.  Le TDAH est un trouble neuro-développemental.  Les études de neurosciences révèlent chez les personnes avec TDAH des anomalies dans la transmission de la dopamine et de la noradrénaline ainsi qu’un retard de maturation du cortex préfrontal. Le cortex préfrontal est la partie antérieure du cerveau, impliquée dans le contrôle des impulsions, dans l’attention, dans l’organisation et la planification des tâches, dans la régulation des émotions.

    Ces élèves ont des difficultés à se concentrer.  Ils sont distraits, rêveurs, égarent leurs affaires scolaires ou personnelles, ont des difficultés à s’organiser. Le moment des devoirs est souvent pénible, l’élève ne tient pas en place, a du mal à se mettre au travail.  Lorsque s’ajoute une agitation motrice et/ou psychique, on parle alors de trouble déficit de l’attention avec hyperactivité.

    Il existe différentes formes d’expression de ce trouble :

    • Les formes inattentives : les signes de distractibilité ( difficultés à soutenir son attention, oublis des affaires à l’école ou à la maison, fautes d’étourderies…) sont au premier plan.
    • Les formes impulsives : les signes d’impulsivité cognitive/comportementale sont au premier plan: agitation motrice (difficulté à rester assis en classe ou pendant les repas, bougeotte) ou psychique (bousculement des idées, difficultés à faire le vide dans sa tête au moment du coucher…)
    • Les formes mixtes: associent les deux types de symptômes.

    Le TDA/H est souvent associé à d’autres troubles des apprentissages (dyslexie, dysorthographie, dysgraphie, dyscalculie) et parfois à une anxiété, à des troubles du sommeil, a un trouble oppositionnel (opposition à l’autorité) et à une mauvaise estime de soi.

    Quelles difficultés au quotidien?

    1. Le manque d’attention : « Est dans la lune », « doit se concentrer davantage », « oublie régulièrement dapporter ses devoirs »…

    L’élève manque d’attention aussi bien pour les activités scolaires que les activités extra-scolaires. Pourtant, il est capable d’être attentif lorsque son intérêt est stimulé ( jeux vidéos, écrans, activités ludiques ).  Il présente des difficultés d’organisation ( bureau en désordre, feuilles volantes dans le cartable, livre à lire acheté la veille… ) et est facilement distractible ( par ses propres pensées ou par la sonnerie du téléphone… ).  Plus qu’un défaut d’attention, on devrait en fait parler de dysfonctionnement attentionnel. L’attention est une sorte de pilote automatique qui reçoit, analyse et filtre les stimuli environnementaux afin de permettre à une personne de rester focalisée sur la tâche qu’elle est en train d’accomplir. Lorsque l’attention dys-fonctionne on est distrait par son environnement en permanence.

    1. L’impulsivité : « Prend la parole sans lever la main », « Se précipite et répond avant davoir écouté la fin de la question»…

    L’élève agit avant de réfléchir et ainsi, ne respecte pas toujours les règles et consignes.

    1. L’agitation : « Gigote », « Ne tient pas en place», « se lève en cours »…

    L’agitation n’est pas constante, lorsqu’elle est absente, on parle de trouble déficit de l’attention sans hyperactivité.

    Quelles sont les conséquences de TDAH sur la scolarité?

    Le TDAH engendre des difficultés d’intégration scolaire, une souffrance psychologique (anxiété, mésestime de soi, sentiment d’infériorité), de la fatigue, et parfois un désinvestissement scolaire ou échec scolaire (30% des élèves avec TDAH redoublent au moins une fois : rapport Haute Autorité de Santé).  50% d’entre eux sont en échec scolaire. Pourtant, ces élèves sont intelligents, mais ils nécessitent un accompagnement adapté pour exploiter au mieux leur potentiel.

    Des aménagements et un accompagnement adapté doivent être mis en place. Pour cela, il est important de rencontrer les enseignants. Il est recommandé de consulter un médecin afin qu’il puisse poser le diagnostique et prescrire des aménagements scolaires spécifiques.

    Article rédigé par Louis Vera et Camille Benoit.

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  • Dyspraxie et difficultés scolaires.

    Qu’est-ce que la dyspraxie ?

    Les praxies sont une combinaison organisée de mouvements programmés pour atteindre un but.  Une praxie est considérée comme acquise quand le geste est automatisé : il est réalisé correctement, à chaque fois, sans nécessité de contrôle attentionnel. C’est le cas par exemple de l’écriture : progressivement, l’élève n’a plus besoin de se concentrer sur le tracé des lettres, ce geste devient automatique.

    La dyspraxie est un trouble du développement : il s’agit d’une anomalie de la planification et de l’automatisation des gestes volontaires.  Le cerveau n’intègre pas correctement les séquences motrices qui permettent l’automatisation des gestes.  Ainsi, à chaque fois que l’élève exécute le geste, c’est un peu comme si il l’apprenait pour la première fois. Lorsqu’il écrit, il doit continuer à se concentrer sur le tracé des lettres alors que ce geste est devenu automatique pour ses camarades.

    Le défaut d’automatisation rend le geste maladroit, et lent. L’élève est pénalisé par sa lenteur à l’écriture (qui l’empêche parfois de terminer ses contrôles) et par la double tâche qui lui est demandée (se concentrer sur le tracé écrit ET sur le contenu de son devoir).

    D’après une étude du haut comité de santé publique menée sur des enfants de 5 à 11 ans, la dyspraxie touche 5 à 7% des élèves.

    Il existe plusieurs formes de dyspraxies :

    • dyspraxie idéomotrice : trouble des gestes symboliques ( sans objet à manipuler ) l’enfant a du mal à apprendre les mimes avec les mains ou les doigts;
    • dyspraxie idéatoire : trouble de la manipulation d’objets ou d’outils, ici la succesion chronologique pour réaliser un geste est altérée;
    • dyspraxie de l’habillage: l’enfant a des difficultés à s’habiller seul ( boutons de chemise, lacets…);
    • dyspraxie visuo-spatiale : trouble de l’organisation et de la structuration spatiale ( difficultés à reproduire correctement un dessin ). Ce trouble atteint souvent les anciens prématurés. A l’école on constate une lenteur et fatigabilité en lecture, une mauvaise gestion de la page (n’écrit pas sur toute la page), des difficultés à poser les opérations de multiplication et de division, des difficultés en géométrie;
    • dyspraxie constructive non visuo-spatiale : l’enfant a des difficultés dans les activités d’assemblage ou de construction (cubes, Lego…). A l’école, sont mis en évidence une lenteur dans l’écriture.

     

    Quelles difficultés au quotidien?

    En maternelle : l’élève aura du mal dans les activités de découpage et de coloriage.

    Il est maladroit et casse ses jouets, les jeux de construction et d’assemblage lui sont difficiles à réaliser. L’apprentissage de l’utilisation des couverts à table est souvent difficile, la viande est arrachée plutôt que découpée.

    En primaire : l’apprentissage de l’écriture est très difficile, celui de la lecture également.

    L’écriture est lente et laborieuse : l’élève a du mal à former les lettres, il n’écrit pas entre les lignes.  Le coût cognitif pour écrire est important, l’élève est fatigable.  L’apprentissage des mathématiques peut être difficile. L’élève n’est pas à l’aise dans les activités sportives et se retrouve parfois isolé dans la cour de récréation. L’élève dyspraxique a du mal à boutonner ses vêtements et à faire ses lacets. L’apprentissage du vélo sans les petites roues est souvent long et difficile.

    Les troubles oculomoteurs :

    Des troubles oculomoteurs sont souvent associés à la dyspraxie.    L’élève a du mal à organiser son regard.  Lorsqu’il lit, il saute des mots ou des lignes.  Il est également en gêné en mathématiques : il a des difficultés en dénombrement ( il compte avec ses doigts ), il a du mal à poser les opérations, il peine en géométrie.

    Les saccades oculaires ( mouvements du regard qui permettent de fixer son regard sur un texte par exemple ) sont mal organisées. L’élève présente un défaut d’automatisation du mouvement oculaire lors de la lecture ( lire de gauche à droite, ça s’apprend!).  La lecture est lente et peu fluide.

     

    Comment aider les élèves dyspraxiques ?

    • Eviter la copie qui va le fatiguer !  Demander à récupérer des photocopies des cours auprès d’un élève.
    • S’il a des difficultés en lecture, privilégier les polices simples ( Arial, 18 ), espacer les lignes, espacer les mots.
    • Choisir avec l’élève un stylo adapté : stylo qui glisse bien ( stylo bille gel ).
    • A partir du collège, des aménagements scolaires sont possibles, comme avoir un ordinateur en classe pour la prise de notes. Cela doit être discuté avec ses enseignants.
    • La dyspraxie est un diagnostique médical et est parfois associé à d’autres troubles des apprentissages. Pour cela, il est recommandé de consulter un neuropédiatre ou un pédopsychiatre.

     

    Article rédigé par Louis Vera et Camille Benoit.

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  • L’académie de médecine émet des recommandations sur les troubles dys.

    L’académie nationale de médecine a tenu, le 30 juin 2015, une séance dédiée aux troubles spécifiques des apprentissages.  Elle rappelle que près de 8 % d’âge scolaire présentent un trouble spécifique des apprentissages (troubles « dys » : dysphasie, dyspraxie, dyslexie-dysorthographie, dyscalculie).

    Lors de cette séance, ont été consultés des médecins et membres de l’éducation nationale :

    -Professeur Michel Habib, médecin responsable du centre référent des troubles des apprentissages (CRTA) de l’hôpital la Timone de Marseilles

    -Florence Delteil, médecin responsable du CRTA de l’hôpital Kremlin Bicêtre

    -Professeur Mario Sperenza, chef de service du service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent du centre hospitalo-universitaire de Versailles

    -Jean-Charles Ringard, inspecteur général de l’éducation nationale et de la recherche.

    L’académie soulève la nécessité de mieux répondre aux besoins de ces élèves, dont les troubles peuvent conduire à une « inadaptation sociale et professionnelle chez des enfants d’intelligence normale ».  L’académie a insisté sur le handicap que ces troubles dys constituait pour ces élèves et sur la nécessité d’un dépistage précoce afin de proposer des prises en charges adaptées (orthophonie, psychomotricité, psychothérapie) à ces jeunes?

    L’académie recommande de renforcer les liens entre les compétences médicales et pédagogiques, de promouvoir la formation  des médecins et des personnels paramédicaux sur ces troubles, et de promouvoir la recherche scientifique et médicale dans le champ des troubles des apprentissages.

    Chez PSYADOM, nous soutenons vivement ces recommandations.  C’est cette même prise de conscience, de la nécessité d’un accompagnement pluridisciplinaire, en concertation avec enseignants et professionnels du soin (médecins, psychologues, orthophonistes, psychomotriciens), que nous avons pensé et élaboré notre offre de soutien scolaire pour ces élèves.  Egalement, du fait de la prise de conscience de la nécessité de former davantage les professionnels du soin, enseignants et parents à ces troubles, nous travaillons actuellement à l’élaboration d’une formation spécifique sur les troubles des apprentissages et sur l’accompagnement de la souffrance induite par des difficultés scolaires.  Egalement, nous nous efforçons de rédiger régulièrement des articles de « vulgarisation » afin de rendre accessible au plus grand nombre les derniers travaux de recherche effectués sur ces troubles.

    Article rédigé par Camille Benoit.

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