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L’élève TDA/H (trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité)

Il est frappant de constater à quel point l’estime de soi est rapidement fragilisée chez l’élève TDAH. Alors même que son entourage ne le réalise pas encore, il exprime parfois très tôt un sentiment de mauvaise estime de soi en disant « je ne suis pas comme les autres », « il y a quelque chose de différent chez moi », « je ne sais que faire des bêtises »…

Très souvent, cette mauvaise image de soi est présente dès la petite enfance, vers l’âge de 5 à 6 ans, l’enfant perçoit alors, avec une grande acuité, qu’il ne parvient pas toujours à suivre les consignes comme les autres. Des tâches pourtant simples, et il le sait, qu’il ne peut mener à leur terme, car son attention a été happée par autre chose, parce qu’il fait les choses trop vite, ou parce qu’il n’a tout simplement pas « entendu » la consigne.

L’estime de soi :

L’estime de soi se construit tout au long de la vie, c’est-à-dire qu’elle se développe progressivement pendant l’enfance, puis continue d’évoluer dans les âges les plus avancés. Dans le berceau, elle dépend de la capacité des parents à répondre aux attentes du nourrisson, de leur réponse face à cet être qui ne sait s’exprimer que par des pleurs. S’ils s’occupent de lui, avec plaisir, ou du moins sans trop rechigner, alors le nourrisson commence à intégrer une bonne image. En effet, cette image se construit à travers le regard de l’autre, la façon qu’à l’autre de nous percevoir ; les parents sont donc le premier vecteur de l’image de soi que va se construire l’enfant. Le deuxième vecteur qui participe à l’image de soi est la société, le regard qu’elle porte sur l’enfant chez qui elle est en train de se développer.

De nos jours, la société accorde une place considérable à la réussite sociale et à la réussite scolaire, à laquelle elle semble intimement liée. Dans les cours de récréation de certains collèges, pour être intégré dans le groupe des enfants dits « populaires », les critères sont parfois surprenants : lieu de domiciliation, taille de l’appartement, revenu des parents… Cet être en développement est ainsi plongé dans une société qui valorise un aspect de sa vie future, au détriment des autres. L’exemple le plus frappant est la course aux mentions, au bon classement, auxquelles se prêtent de nombreux établissements scolaires ; certains lycées ont parfois un an d’avance sur le programme scolaire. Dans certaines petites écoles, on doit apprendre à lire dès l’âge de 4-5 ans et savoir additionner et multiplier à 6 ans…

Cette course se fait, malheureusement, dans l’ignorance des modalités du développement cognitif de l’enfant et se retrouve alors favorisée une petite proportion de la population ; soit qu’elle est constituée d’enfants dits « intelligents », soit d’enfants soutenus au maximum à renforts de cours particuliers et devoirs longs et pénibles. La génération qui a connu les grandes guerres du siècle passé à travailler sans se poser de questions, la suivante lui a emboité le pas et a valorisé le travail. La génération suivante, celle que l’on appelle génération Y, a cherché, elle, un équilibre entre la vie professionnelle et la vie de famille. La génération Z, à qui on a tenté de bourrer le crâne, pose maintenant des difficultés dans le monde professionnel, car elle veut, tout simplement, « vivre ».

Estime de soi et TDA/H :

L’élève TDAH, ainsi plongé dans une société qui fait la course aux apprentissages, au lieu de lui apprendre à s’adapter, construit son image de soi au travers de deux principaux regards : celui de ses parents et celui de la société, au passage de la réussite scolaire.

Les parents d’un élève TDAH sentent cette différence, sans toujours pouvoir poser un nom sur ce qui fait que leur enfant est très (trop) vif, qu’il ne respecte pas les consignes, qu’il intervient dans toutes les conversations, qu’il parle en permanence, qu’il semble très sensible, réactif aux événements.. Cette différence est alors plus ou moins bien tolérée, les premiers écueils de la vie d’un enfant hyperactif commencent dès le plus jeune âge. La fatigue des parents est souvent visible, à travers des remarques qui ne se veulent pas méchantes « tu nous saoules… », les remontrances sont fréquentes chez cet enfant qui semble être de tous les mauvais coups possibles. La fratrie ou les amis participent aux premières atteintes à l’estime de soi, sans le vouloir « tu me fatigues avec toutes tes histoires… ». On demande à cet enfant de ne pas se lever 10 fois de table et on ne comprend pas qu’il n’intègre pas une consigne simple, pourtant répétée des centaines de fois. Cet enfant fait l’objet de plus nombreuses remarques négatives et est plus souvent puni.

À l’école, il constate qu’il est à la traîne, ou fait trop vite son travail dont on dit alors qu’il est bâclé ; il ne respecte pas toujours les consignes, répond à côté ou ne répond pas lorsqu’il a peur de se tromper ou ne parvient pas à se représenter ce que l’on attend de lui. Ses résultats scolaires reflètent le fonctionnement de son attention : ils sont variables et on dit souvent qu’il est capable du meilleur comme du pire. Les parents jouent le jeu de la société, sans le vouloir, ou sans s’en rendre compte. Ils valorisent les bonnes notes et passent aux oubliettes les mauvaises quand ils ne réprimandent pas l’élève TDAH avec qui ils ont passé du temps à travailler ; oubliant de valoriser le seul élément important : les efforts qu’il a faits.

Rôle des parents, de l’enseignant :

L’entourage doit s’efforcer d’aider l’enfant TDAH à développer une bonne image de soi, en valorisant chacun de ses efforts, en l’aidant à développer son potentiel dans quelque sphère que ce soit.

Il est primordial, pour ces élèves, mais aussi pour les autres, d’aller à contre-courant d’une société qui leur bourre le crâne sans se soucier de leur apprendre à s’adapter dans un monde qui change bien plus rapidement qu’auparavant. Les parents doivent freiner cette course aux apprentissages et apprendre à respecter le rythme de l’enfant, l’aider à s’adapter, lui apprendre à développer d’autres talents que les seuls scolaires, à trouver un équilibre.

Parents, ne vous y trompez pas : sans vous en rendre compte vous ne nagez pas assez vite à contre-courant. Combien de mères s’extasient dans les réseaux sociaux que leur enfant marche à neuf mois, qu’il dise ses premiers mots à treize et parfois qu’il soit inadapté à l’école, car c’est « surement un précoce… » ?

Règles d’une bonne estime de soi chez l’élève TDA/H :

  1. Apprendre à respecter son rythme.
  2. Valoriser ses efforts et non sa « réussite » ; en ayant en tête que l’école ne sait pas les évaluer correctement en rapport à leurs connaissances.
  3. Respecter son agitation.
  4. Valoriser et aider à développer ses points forts, ses aptitudes scolaires et bien entendu extrascolaires.
  5. Oublier qu’il réussira mieux dans la vie en faisant une section générale plutôt qu’une autre : on vous a menti…

Article rédigé par Louis Vera.

Crédit image : Icon made by Freepik from www.flaticon.com

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