D’après plusieurs études, le cannabis affecterait durablement l’intelligence, l’attention et la mémoire.
Définition :
Le cannabis se présente sous 3 formes : l’herbe, la résine et l’huile. Le principe actif du cannabis est le THC, tétrahydrocanabinol. D’après un rapport de l’OFDT (observatoire français des drogues et des toxicomanies), la concentration en THC dans la résine a doublé en 10 ans.
Quelques chiffres :
L’étude ESCAPAD, conduite en 2011 par l’OFDT observe que 42 % des adolescents de 17 ans ont déjà consommé du cannabis. L’usage régulier (au moins 10 consommations par mois) concerne 2% des élèves de 3ème, 6% des élèves de 2nde et 7% des élèves de terminale. D’après l’INSERM (institut national de la santé et de la recherche médicale), 30% des 16-24 ans consomment du cannabis.
Comment ça marche ?
Le THC (principe actif du cannabis) se lie aux récepteurs cannabinoïdes de certains neurones du cerveau : les récepteurs CB1. Cette liaison engendre une perturbation de l’activité de ces neurones qui sont impliqués dans la régulation des fonctions cognitives (attention, mémoire), dans le plaisir et dans la régulation de l’appétit. La surstimulation de ces récepteurs affecte les capacités de mémorisation ainsi que la motivation.
Effets du cannabis au long cours :
Le cannabis engendre des effets délétères durables sur les fonctions cognitives, les performances scolaires et sur la qualité des relations sociales. Cet effet au long cours est corrélé à la fréquence et à la quantité des consommations ainsi qu’à l’âge de la première consommation. Le cannabis favorise également l’apparition de dépression, d’attaques de panique et de syndrome psychotique (schizophrénie) chez certains sujets vulnérables.
Effets neurotoxiques à l’adolescence :
A l’adolescence, de nombreux remaniements cérébraux s’opèrent. La maturation cérébrale se poursuit jusqu’à l’âge de 25 ans environ et particulièrement au niveau du cortex préfrontal. Cette région du cortex, située à l’avant du cerveau est impliquée dans la concentration, dans la mémoire de travail (mémoire qui permet de manipuler des informations), dans la régulation et le contrôle des comportements et des émotions.
A l’âge adulte, lorsque le cerveau est arrivé à maturité, les effets délétères du cannabis sur les fonctions cognitives sont moindres.
Madeline Meier* de la Duke University, a conduit une étude sur les effets au long cours du cannabis. Cette étude est menée auprès de 1037 sujets, lesquels ont passé des test cognitifs (mesure des fonctions intellectuelles) à 13 ans et à 38 ans. Les résultats montrent que la consommation régulière de cannabis à l’adolescence pouvait engendrer une baisse du QI (quotient intellectuel) de 8 points ! A l’arrêt du cannabis, ces sujets ne retrouvaient que partiellement leurs compétences intellectuelles antérieures.
Une étude menée par John Csernansky* de la Northwestern University de Chicago analyse les effets au long cours du cannabis sur la mémoire épisodique (mémoire à long terme qui permet de se souvenir des événements vécus). Cette étude est conduite auprès de 97 sujets divisés en plusieurs groupes : consommateurs et non consommateurs. Les consommateurs avaient commencé à fumer quotidiennement vers 16-17 ans, pendant 3 ans et étaient sevrés depuis 2 ans. Cette étude montre que malgré l’interruption des consommations de cannabis, des anomalies structurelles persistaient au niveau de l’hippocampe (siège de la mémoire). Par ailleurs, leur mémoire à long terme était chutée de 18% par rapport aux non-consommateurs ! Des recherches précédentes de cette même équipe avaient montré des modifications au niveau des zones cérébrales impliquées dans la mémoire à court terme et dans l’attention/concentration (striatum, thalamus et pallidum). La toxicité cérébrale était corrélée à la durée de consommation du cannabis.
Ces différentes études et rapports soulèvent l’importance cruciale de la prévention de l’usage du cannabis à l’adolescence. Pour cela, il nous parait indispensable que les jeunes soient sensibilisés aux effets du cannabis sur le cerveau. Une meilleure compréhension de ces effets ne peut que les aider à prendre conscience des dangers d’une utilisation abusive du cannabis à l’adolescence.
Article rédigé par Camille Benoit.
*Persistent cannabis users show neuropsychological decline from childhood to midlife, Meier et Al., 2012
*Heavy use of drug linked to changes in hippocampus, poor memory for life events, John Csernansky, Northwestern University, Chicago, 2015.